Ann Massal: Plumages-Déplumages
Dans le silence cotonneux des plumes, les chairs frissonnent et se dévoilent. Les corps s’empourprent de leur propre nudité lorsque la lente plumaison du vivant les rapproche de la mort. Les diptyques photographiques d’Ann Massal plongent le spectateur dans l’espace du “ma”, cet entre-deux qui pour les Japonais relie les choses et donne à chacune un sens. Un battement d’aile réunit ici dans un souffle les épidermes dévoilés et les peaux empaillées, aspirant ainsi le vide qui soude la vie au trépas. L’intimité frémissante de la chair se révèle dans toute sa crudité nue, lorsque la mort se pare du flamboiement des plumages colorés qui rappelle l’écho des danses tribales. Le caractère sexué des images lève alors le voile sur une sensibilité toute féminine, qui embrasse avec pudeur cette petite mort et nous invite à la caresser délicatement, plus qu’elle ne pose un oeil voyeur sur elle. C’est finalement une poésie de la vanité qui s’incarne dans ces photographies dont aucune n’est retouchée, comme pour mieux se souvenir que l’on n’est jamais autant soi-même ni vivant que face aux parures des défunts. Th. Guillemin
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